2011-08-29 03:52:31 UTC
J'ai 15 ans, et mon père a 75 ans cette année. Ma mère 42. Ils ont été prof et étudiante, et se considèrent tous les deux comme des génies, surtout ma mère. Mon père m'a eu quand il prenait la retraite de la fac. Il a donc été très présent à la maison, et m'a tout payé, des livres, des CD, des DVD, des ordi, logiciels, et m'emmenait tous les dimanches au Louvre ou à Orsay. J'ai un frère aussi. Il a 10 ans. Mon père avait donc 66 ans quand il l'a eu. Avec lui, c'était plus modéré. Mais avec moi, vu qu'il ne pouvait pas être avec ma mère pendant mes deux premières années (il avait un foyer ailleurs), il a voulu compenser après. Il ne me quittait pas, quand il y avait de la pluie, un peu trop de soleil, il me faisait manger à la petite cuillière jusqu'à mes 10 ans, il aimait dicter tous mes livres d'école, etc. Aux vacances, il avait peur que je "m'abîme" en grimpant les arbres ou en nageant dans la mer. Puis, ma mère, c'est quelqu'un de capricieux, à des humeurs qu'on ne peut pas prédire, elle a toujours quelque chose à reprocher à mon père. En même temps, elle est comme une petite fille avec mon père. Elle déprime quand il a d'autres choses à regarder qu'elle. Quand il n'a pas la bouche pleine de mots d'amour pour elle. C'est elle qui nous a voulus, mais c'est mon père qui nous a élevés.
J'ai vraiment de plus en plus marre de vivre cette comédie de famille parfaite. Mon père pense que nous sommes une espèce de sainte famille, avec la vierge Marie que serait ma mère (quelle erreur), et deux anges qui resteront toujours des bébés qui consacrent leur union conjugale, j'ai compris que mon père jouait aussi à ce jeu, parce qu'il a peur de céder à la pression de ma mère qui veut qu'il l'épouse. Ils ne sont pas mariés. Il a peur aussi d'avoir raté sa vie de catho. Je lui disais au début tout ça, mais il me répondait : "tu n'es pas gentil avec moi!!", vraiment avec un air blessé. J'ai culpabilisé et me suis tu. Maintenant, je sais que c'est son jeu. Il le fait avec ma mère. Mais celui qui menace, c'est lui. Il fait entendre tout le temps que ma mère est inférieure à lui, qu'elle n'est qu'une gamine, et que sans la gentillesse et l'adoration infinies, elle ne serait pas aimée, et que, si les enfants sont méchants avec lui, ce serait sa faute.
Bon, je n'aime pas ma mère comme personne. Elle est prof de lycée du 6e et essaie de parler comme une adolescente, avec ses manières de snob. Je pense qu'elle veut s'éclater, et qu'elle n'a jamais eu le courage. Elle pense qu'être traitée comme une poupée, c'est tout ce qu'elle mérite, et que les autres femmes qui sortent le soir, qui voyagent seules, qui n'ont pas d'enfants à 35 ans, qui n'a pas fait de thèse comme elle, qui n'a pas eu de prof qui les adorait jusqu'à leur faire des enfants, sont des "filles qui ont raté leur vie". Mais je pense bien, je suis sûr maintenant qu'elle est un peu victime de toute cette situation bizarre et pourrie. Mon père m'a biberonné, littéralement, je ne peux pas le détester. N'empêche qu'il m'écoeure. Puis mes deux frères, qui sont de son premier mariage, qui ont aujourd'hui plus de 45 ans, détestent ma mère et ne lui parlent pas, ne passent pas à la maison quand elle est là.
Mon père continue de jouer toujours à la sainte famille...
Je ne sais pas jusqu'à quand je dois attendre pour partir et pour les voir tous disparaître...